Focus sur les évolutions du financement CPF en 2025

Que penser de la transformation et du durcissement du cadre réglementaire et financier de la formation professionnelle pour l'année 2025 ? Focus sur le financement CPF (Compte personnel de formation).

POINT DE VUE JURIDIQUE

Maya

11/4/20253 min read

Sur l’année 2025, on note 3 points d’évolution principaux concernant le CPF, donnant un aperçu des tendances qui se dessinent à l’horizon 2026 :

1) Restriction des formations éligibles : Les formations liées à la création/reprise d'entreprise (ACRE) ne sont plus financées par le CPF, sauf si elles sont inscrites au RNCP ou au RS.

2) Ticket modérateur : Une participation forfaitaire de 102,23 € est imposée au titulaire du CPF, visant à impliquer davantage l'individu et l'entreprise dans la co-construction des parcours.

3) Rôle accru de l'employeur : L'abondement du CPF par l'employeur devient un outil stratégique, permettant de fixer les thématiques et les délais d'utilisation.

Quelle analyse peut-on faire de ces évolutions ? Ces trois mesures indiquent une réorientation stratégique du CPF vers un modèle plus sélectif, co-financé, et aligné sur les besoins du marché du travail et des employeurs.

Restriction des formations éligibles (ACRE)

  • Objectif de qualité et de reconnaissance : Le fait d'exclure les formations liées à la création/reprise d'entreprise (ACRE) non certifiantes (RNCP ou RS) montre une volonté claire de l'État de recentrer les fonds publics sur des compétences reconnues. L'objectif affiché est de limiter les abus et de s'assurer que l'argent du CPF finance des formations menant à des certifications ayant une valeur marchande établie.

  • Contrôle de l'offre : C'est une mesure de régulation visant à assainir l'offre de formation en éliminant les prestataires proposant des formations non certifiantes qui ne garantissent pas de retour sur investissement professionnel clair.

Le ticket modérateur (participation forfaitaire de 102,23 €)

  • Responsabilisation de l'individu : L'instauration d'une participation financière du titulaire instaure un "ticket modérateur". L'analyse principale est qu'un coût, même faible, augmente l'engagement et la motivation de l'individu, réduisant ainsi l'attrition et le recours à des formations perçues comme "gratuites" ou de faible priorité.

  • Incitation à l'implication de l'entreprise : Cette mesure est également conçue pour pousser les entreprises à s'impliquer davantage. Si l'employeur abonde pour neutraliser cette participation, il prend de facto part au financement et à la validation du parcours de formation de son salarié (idée de co-construction).

Rôle accru de l'employeur (abondement stratégique)

  • Pilotage RH et adéquation emploi-formation : Cette disposition est la plus significative pour les entreprises. En permettant à l'employeur de fixer les thématiques et les délais d'utilisation lors d'un abondement, le CPF passe d'un droit individuel pur à un outil de gestion des compétences (GPEC) et de pilotage RH.

  • Alignement stratégique : L'analyse est que le financement des formations est désormais fortement encouragé à s'aligner sur les besoins stratégiques de l'entreprise, plutôt que sur les seules envies du salarié. Cela garantit que les investissements en formation contribuent directement à la performance de l'entreprise et à la montée en compétence des équipes sur des sujets précis et urgents.

En cohérence avec la tendance actuelle, le bilan de compétences est également dans le collimateur du gouvernement. Son retrait du financement CPF est une possibilité sérieuse dans le cadre du plan d'économies de l'État et du recentrage sur la certification. Cependant, rien n'est définitif, et la décision finale dépendra des débats parlementaires en cours.

CPF 2025: les évolutions clés
CPF 2025: les évolutions clés

"Une réorientation stratégique du CPF vers un modèle plus sélectif, co-financé, et aligné sur les besoins du marché du travail et des employeurs."